Le Pays de Bocage sans frontières et le Télescope Einstein : une complémentarité en surface et en sous-sol
Sept communes voisines de la région flamande de Voer, du Pays wallon de Herve et du Heuvelland, dans le Limbourg néerlandais, collaborent pour renforcer le paysage bocager. Cette région coïncide en grande partie avec la zone où le Télescope Einstein doit également être construit. Un projet scientifique de haute technologie sous terre peut-il améliorer le paysage en surface ? C’est ce que pense Ann-Sophie Debergh, chef de projet du Parc paysager Bocage sans frontières.
À quoi ressemble un tel paysage bocager ?
« Si l’on observe le paysage de cette région frontalière, les similitudes sont immédiatement évidentes. Il s’agit d’un patchwork vallonné de prairies, de champs, de vieilles forêts, de haies, de verger hautes tiges et de cours d’eau rapides. Comme il existe encore de nombreux éléments linéaires, tels que des haies, des bocages, des rangées d’arbres et des fossés, on parle de bocage ou de paysage de haies. C’est une région avec des villages-églises caractéristiques et de nombreux châteaux et abbayes, des fermes carrées et des maisons à colombages qui peuvent être considérées comme faisant partie de notre patrimoine. Tout cela en fait une région à l’identité régionale unique et à la grande qualité paysagère, appréciée des habitants et des visiteurs. »
De quoi faut-il donc la protéger ?
« Il existe des tendances qui affectent la qualité du paysage et l’habitabilité de la région. Elles ne s’arrêtent pas à la frontière nationale. Pensez au problème des inondations, à la disparition des vergers standard ou des haies, aux espèces végétales et animales menacées. L’avenir est incertain pour les agriculteurs locaux, qui n’ont que peu de successeurs. Et la pression exercée sur le paysage et les villages par le tourisme et les loisirs est très forte. C’est pour toutes ces raisons que la commune flamande de Voeren, les communes wallonnes de Dalhem, Aubel et Plombières et les communes néerlandaises d’Eijsden-Margraten, Gulpen-Wittem et Vaals ont souhaité collaborer de manière structurelle autour du paysage. »
Comment aborder cette question ?
« Il ne s’agit pas seulement de l’engagement des sept municipalités et des autres autorités. Les agriculteurs, les associations de protection de la nature, les entrepreneurs touristiques et les habitants, en particulier, ont également une grande connaissance du territoire que les autorités n’ont pas toujours. Ces connaissances, ces idées et cet enthousiasme sont essentiels et nous voulons les exploiter davantage. Nous chercherons des solutions qui créent une situation gagnant-gagnant pour plusieurs parties. Grâce à cette approche, nous espérons obtenir du gouvernement flamand le statut officiel de parc paysager transfrontalier sous le nom de ‘Bocage sans frontières’. Nous attendons le résultat en septembre. »
Quel est le lien avec le Télescope Einstein ?
« Le Télescope Einstein est un projet scientifique et économique important qui peut avoir une grande importance pour l’Eurégio. Le télescope a besoin d’être dérangé le moins possible en raison du bruit qu’il génère. Le Bocageland sans frontières est une zone rurale de grande qualité où l’on peut encore jouir d’une tranquillité unique dans la région. »
« La reconnaissance en tant que parc paysager permettrait de préserver et de valoriser cette authenticité du paysage. Cela va de pair avec le maintien de la paix et de la tranquillité dans la région. Il s’agit là d’un aspect important de la complémentarité entre les deux initiatives. C’est pour cette raison que le parc paysager va parfaitement de pair avec le Télescope Einstein et qu’ils se renforcent l’un l’autre. En tant que parc paysager, nous ne voulons pas mettre une cloche dans le paysage, mais plutôt combiner les qualités intrinsèques de la région avec des évolutions modernes et de haute technologie. »
« En tant que parc paysager, nous ne voulons pas mettre le paysage sous cloche, mais plutôt combiner les qualités intrinsèques de la région avec des évolutions modernes et de haute technologie. »
Ann-Sophie Debergh
Pas d’ambitions contradictoires donc ?
« Bien sûr, il y a aussi des aspects que nous considérons d’un œil critique. Si cette zone est autorisée à accueillir le Télescope Einstein, cela impliquera une phase de construction de plus de cinq à sept ans dans un paysage fragile où les habitations sont dispersées. Nous sommes donc heureux de constater que le bureau du projet étudie très activement les moyens de minimiser l’impact de cette phase de construction sur le paysage, l’environnement et les habitants. Mais nous ne pouvons pas vraiment faire de commentaires à ce sujet tant que ces plans ne sont pas finalisés. Nous avons également reçu l’assurance que le Télescope Einstein n’est pas destiné à devenir une attraction touristique majeure qui bouleverserait cette région rurale. Nous continuerons à le suivre de près et nous avons convenu avec le bureau du projet de Télescope Einstein de nous coordonner régulièrement. Après tout, les deux initiatives peuvent se renforcer mutuellement. »
Vous voulez en savoir plus ?
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