Premier prix du régime d’aide à la R&D “Einstein Telescope” pour les entreprises de haute technologie
Un consortium Néerlandais composé des entreprises Demcon kryoz (Enschede) et Cooll (Hengelo) et de l’université de Twente recevra une subvention pour développer un système de refroidissement avancé pour le Télescope Einstein.
Ce gigantesque observatoire des ondes gravitationnelles pourrait être construit à 250 ou 300 mètres sous la surface de la terre, dans la zone frontalière entre les Pays-Bas, la Belgique et l’Allemagne, afin de permettre des mesures sans perturbation. Un refroidissement sans vibration à des températures très basses est nécessaire pour détecter les signaux très faibles provenant de l’univers. Les trois parties utiliseront leurs connaissances fondamentales et leur expertise industrielle en matière de refroidissement sans vibration pour rendre les mesures des ondes gravitationnelles beaucoup plus précises. À cette fin, elles recevront 2,6 millions d’euros sur une période de trois ans dans le cadre du programme de R&D pour le Télescope Einstein, financé par le Fonds national de croissance néerlandais.
Les ondes gravitationnelles résultant d’événements extrêmes dans l’univers, tels que la fusion de deux trous noirs, ont été prédites par le grand physicien Albert Einstein. Un siècle plus tard, en 2015, elles ont été observées pour la première fois par deux observatoires américains. En Europe, un nouveau détecteur extrêmement sensible, le Télescope Einstein, est en cours de construction. Celui-ci permettra aux chercheurs de multiplier les observations des “ondulations de la trame de l’espace-temps”. Ils veulent ainsi mieux comprendre le processus de naissance des trous noirs et mieux cerner la nature de l’univers immédiatement après le Big Bang. Ils peuvent également utiliser le nouveau “Télescope” souterrain pour tester les prédictions de la théorie générale de la relativité d’Einstein.
Afin d’encourager l’innovation et le développement accéléré de nouvelles technologies pour le Télescope Einstein, le programme de valorisation de l’ET a été lancé à l’automne 2023. Une partie de ce programme est un programme de R&D pour les entreprises de haute technologie.
Le ministre néerlandais de l’éducation, de la culture et des sciences, M. Dijkgraaf, a déclaré : “Il est fantastique de voir ce consortium se mettre au travail pour développer la technologie du Télescope Einstein. Cette collaboration entre des institutions de la connaissance et des entreprises montre comment l’union des forces peut conduire à une recherche et à une innovation révolutionnaires. Le Télescope Einstein promet non seulement de nouvelles découvertes scientifiques, mais aussi une croissance économique et des emplois. Bien que nous ne sachions pas encore où le Télescope sera bientôt installé, cette collaboration est un investissement important dans notre pays et dans la science internationale.
Système de refroidissement à trois étages
Pour le Télescope Einstein, les trois parties ont uni leurs forces l’année dernière lorsque le premier appel à propositions du programme de R&D a été lancé. Il a récemment été annoncé que leur proposition avait été retenue. Le consortium Twente recevra 2,6 millions d’euros sur une période de trois ans pour adapter la technologie au Télescope Einstein. Pour ce faire, il développera un système de refroidissement à trois étages. Celui-ci fonctionne avec trois réfrigérants différents, le néon, l’hydrogène et l’hélium, pour passer de -195 °C (78 K) (la température atteinte par l’azote liquide, qui lance le processus de refroidissement) à la dernière étape, la plus délicate, de -263 °C (10 K). Ils en construiront finalement trois, un pour la recherche à l’UT d’Enschede et deux pour l’ETpathfinder, le laboratoire de R&D pour les détecteurs d’ondes gravitationnelles, à Maastricht.
Expertise
Pieter Lerou, directeur général de Demcon kryoz, est à l’origine de la proposition : “Le principe du refroidissement sans vibration est bien connu et nous l’avons fait fonctionner à l’échelle industrielle. Mais il s’agissait d’un micro-refroidisseur, alors que les refroidisseurs du Télescope Einstein fonctionnent avec un immense compresseur et une puissance beaucoup plus élevée. Cette mise à l’échelle nécessite encore beaucoup de recherche fondamentale. Pour ce faire, nous utilisons notre connaissance de la technologie cryogénique et notre expérience en matière de conception, de modélisation et de construction de systèmes de refroidissement de haute technologie. Nous apportons également notre expertise en matière d’ingénierie des systèmes. Nous veillons à ce que toutes les connaissances et l’expertise, ainsi que tous les composants requis, soient réunis et à ce que le résultat final soit un système fonctionnel fiable, livré dans les délais et dans le respect du budget. C’est certainement nécessaire, car avec le résultat de notre projet, nous contribuons à l’appel d’offres pour l’emplacement néerlandais-belge-allemand du Télescope Einstein”.
Jalon
Jorg van der Meij, directeur de programme (LIOF, au nom des sociétés néerlandaises de développement régional) : “Aujourd’hui, nous célébrons une étape importante dans le programme de valorisation du Télescope Einstein, puisqu’un consortium d’entreprises visionnaires et une institution de connaissance de premier plan ont reçu la première subvention de recherche et développement. Leurs projets innovants en matière de refroidissement sans vibrations renforcent non seulement la candidature du Télescope Einstein, mais sont également prometteurs pour d’autres secteurs et applications. Pensez, par exemple, à l’ingénierie aérospatiale ou à l’industrie des semi-conducteurs. Le refroidissement sans vibration deviendra également important dans le domaine de l’aviation électrique”.
Initiative néerlando-belgo-allemande
Le Télescope Einstein devrait faire partie de la grande infrastructure de recherche européenne. Il existe actuellement deux initiatives pour un site souterrain. Outre la Sardaigne, c’est la région frontalière des Pays-Bas, de la Belgique et de l’Allemagne qui est concernée. Cette région convient à un observatoire souterrain, car le sol meuble bloque les vibrations causées par l’activité humaine en surface, de sorte que les mesures ne seront pas perturbées. L’emplacement du Télescope Einstein sera décidé en 2025/2026 et la construction devrait commencer vers 2030. Un grand nombre d’universités et d’institutions scientifiques des Pays-Bas, de Belgique et d’Allemagne travaillent actuellement à l’élaboration d’une candidature commune.