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« Fier d’accueillir ce challenge hors-norme »

Michel Stassart est le nouveau représentant wallon du Télescope Einstein au sein du bureau de projet EMR, basé au GRE-Liège. Une présentation à travers quelques questions.

Qu’est-ce qui vous a incité à vous lancer dans le projet du Télescope Einstein ?

« Le projet Einstein Telescope (ET) représente une fusion unique entre la science fondamentale et l’ingénierie de pointe. Après avoir passé 25 ans dans le domaine aérospatial le défi de revenir à des activités plus scientifiques est exaltant. Cela m’a permis de renouer avec ma passion initiale pour la physique théorique tout en combinant mon expérience industrielle dans le secteur spatial.

Le potentiel de l’ET est grandiose et fascinant. Nous sommes potentiellement sur le point d’ouvrir une nouvelle fenêtre sur l’univers grâce à la détection des ondes gravitationnelles, découvertes il y a huit ans. Cette découverte peut devenir une nouvelle colonne vertébrale pour notre compréhension de l’univers et de ses mécanismes profonds, tout en offrant des opportunités de développement économique et industriel considérables. »

« Le Télescope Einstein est un grand projet pour la région et une occasion à ne pas manquer. »

Michel Stassart
As-tu un exemple de développement technologique nécessaire pour l’ET qui aurait des retombées économiques ?

« Le développement de miroirs beaucoup plus précis que ceux utilisés dans le domaine spatial donnera un avantage industriel immédiat à l’industriel qui maitrisera leur production. En outre, le projet ET s’inscrit dans la lignée des grandes initiatives scientifiques, ce que l’on appelle la Big Science, telles que celles qui existaient lors des conférences Solvay il y a 100 ans et qui ont donné à la Belgique et singulièrement aux acteurs industriels wallons une réputation mondiale. »

Quels sont, selon toi, les grands chantiers actuels du Télescope Einstein ?

« D’abord, la communication. Il faut convaincre les décideurs politiques, les industries et le grand public de l’impact positif que le télescope devrait avoir. Il y a de quoi être fier d’accueillir ce challenge hors-norme qui a le potentiel de transformer notre région et lui donner une visibilité mondiale. Pour le monde politique, je souhaite expliquer, et convaincre, que l’ET est un grand projet territorialement structurant et une opportunité qu’on ne peut pas perdre.

Ensuite et surtout, il faut impliquer un large éventail d’acteurs industriels dans les développements technologiques requis par les scientifiques qui ont imaginé ce télescope, par exemple en optique, cryogénie, vide, mécanique de précision, etc. Il faut encourager la collaboration entre les entreprises et les institutions de recherche pour développer les technologies nécessaires, qui aboutiront, je l’espère, à la création de nouveaux produits et services et au positionnement de leader des entreprises dans leur marché. De nouvelles spin-off verront certainement le jour dans le cadre de ce projet.  Si l’on compare ce Télescope Einstein au CERN par exemple, il est important de noter que 50% des retours économiques au quotidien de ce dernier se font dans un rayon de 50 km. Si l’ET est construit en  Euregio Meuse Rhin (EMR), c’est toute la Wallonie et les régions voisines qui seront positivement impactées. Globalement, les premières estimations du retour économique en Wallonie démontrent qu’un euro investi dans l’ET sera multiplié par 3 lors des phases de préparation, de construction et d’exploitation de l’ET.

Enfin, la mise en œuvre du télescope doit être verte. Cela signifie que le projet doit être respectueux de l’environnement et du paysage et être si possible neutre au regard des émissions de CO2. La gestion efficace, locale et circulaire des matériaux excavés lors de la construction de l’infrastructure devra être une priorité (on parle ici d’une estimation de 4 000 000 de m3 de roche et terre à remonter à la surface et à traiter). »

Enthousiasmant ! Un mot de la fin ?

« L’ET me fait penser à un double effet papillon. D’un côté, une cause immense (la collision de trous noirs) provoque sur les futurs instruments de l’ET des effet minuscules (déformation de l’espace-temps) et de l’autre côté, ces minuscules observations, ces « battements d’ailes de papillons » provoqueront des effets immenses dont l’ampleur est encore difficile à estimer. Petite cause, grandes conséquences. »

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