« Si l’astronomie et la géologie vous passionnent, le Télescope Einstein devrait vous combler »
Bjorn Vink est l’un des visages les plus connus du Télescope Einstein. En 2014, le géohydrologue participait au projet en tant que bénévole intéressé. Désormais, il travaille pour Nikhef sur le télescope. Si son « statut » a changé, sa passion et son engagement restent intacts.
Je m’en souviens comme si c’était hier. C’était en 2014 et je travaillais sur le tunnel A2 à Maastricht. Alors que la dernière pelletée de terre était extraite du sol, j’ai reçu un e-mail de Jo van den Brand et Rob Klöpping. Jo est le professeur de physique originaire de Hoensbroek qui a eu l’idée d’installer le Télescope Einstein dans cette région. En raison de mon expérience professionnelle dans les travaux de la Meuse, de l’A73 et de la construction du tunnel A2, il m’a contacté pour échanger à ce propos.
En fait, c’était le début de l’étude préliminaire. Que savons-nous déjà sur le sol ? À quoi devons-nous penser ? Comment les autres pays se positionnent-ils ? Grâce à l’expertise dont je dispose, j’ai pu intervenir en tant que bénévole. Cette expertise est une chose, mais ma passion pour l’astronomie et la géologie est bien plus intense. Ce projet réunit tous ces éléments. Dès lors, il prend bien sûr rapidement beaucoup de place au quotidien. J’ai consacré de nombreuses vacances à ce télescope au cours de cette période. Selon moi, il était en principe possible de construire le Télescope Einstein, mais il fallait également envisager la zone frontalière belge et allemande en raison de la dureté des couches rocheuses.
Notre enthousiasme a été décuplé en 2015 lorsque la province néerlandaise du Limbourg a également saisi les possibilités qui s’offraient à elle et a décidé de s’engager dans cette voie. Cela a conduit à un premier test de forage exploratoire en 2017 à Terziet et à un second un an plus tard. Mon rôle consistait à établir des contacts avec les habitants de la région et à veiller à ce que ce forage se déroule sans encombre, ce qui n’était pas une mince affaire. Nous avons répété l’expérience deux ans plus tard. Dans l’intervalle, nous avons parcouru la zone pendant les week-ends pour prendre des mesures sur le terrain.
Vous imaginez bien que j’ai été ravi lorsqu’en 2020, mon employeur de l’époque m’a demandé de superviser de nouveaux forages exploratoires à Cottessen, Aubel et Banholt dans le cadre du programme Interreg E-TEST. Très vite, la collaboration entre géospécialistes, tunneliers et astrophysiciens s’est transformée en un réseau avec des personnes des universités de Liège, d’Aix-la-Chapelle et de Nikhef. Le projet E-TEST nous a appris à mieux adapter les futures campagnes de forage à la géologie locale.
Depuis février, je travaille pour Nikhef sur le Télescope Einstein. Le projet s’est professionnalisé. Les scientifiques ne sont pas les seuls à avoir rejoint l’aventure, des personnes travaillent également à la conception pratique du télescope ou à sa mise en œuvre. Je passe maintenant plus de temps derrière un bureau, mais heureusement, je suis aussi souvent en déplacement dans la région. Toutes ces communautés me connaissent aujourd’hui. En outre, habitant à Mheer, à la frontière belgo-néerlandaise, j’entends ce que les gens pensent du Télescope Einstein. Ce que je trouve surprenant, c’est que la génération la plus âgée espère que le télescope sera implanté ici. Très souvent, l’argument avancé est qu’il constitue une occasion en or pour leurs petits-enfants, mais aussi une fierté pour leur propre région.
Quand serai-je vraiment satisfait ? Sans aucun doute si notre candidature est acceptée, ce qui signifiera que nous pourrons construire le Télescope Einstein dans cette eurorégion. Mais je ne serai vraiment satisfait que lorsque la construction sera terminée. Et sans surprise, je tiens également à rester impliqué dans cette construction.
-Bjorn Vink