Carte numérique du paysage
Où, dans l’Eurégion Meuse-Rhin, l’Einstein Telescope peut-il être construit ? L’architecte paysagiste Mike Tomassen de HeusschenCopier Landscape Power a déjà cartographié les utilisations existantes et les politiques du paysage dans la zone de recherche de l’Einstein Telescope.
Parlez-nous un peu de vous.
« Toute ma vie, j’ai été fasciné par l’espace qui nous entoure, les paysages dans lesquels nous vivons et l’urbanisme qui explique comment et pourquoi ils sont disposés de cette manière. C’est pourquoi ma partenaire finlandaise et moi-même avons également déménagé dans le Limbourg méridional. Le paysage ici est unique, nous arpentons beaucoup la nature. Je connais désormais la région sur le bout des doigts, en partie grâce à mon travail sur le parc paysager du Bocage sans frontières et sur l’Einstein Telescope. Mais les écosystèmes et les cultures qui s’y côtoient me fascinent également. »
Comment avez-vous contribué au projet Einstein Telescope ?
« L’équipe de HeusschenCopier Landscape Power a créé une carte numérique de toutes les utilisations de surface dans la zone de recherche. Toutes ces informations sont rassemblées dans un SIG, un système d’information géographique. En bref, il s’agit d’une carte numérique de la zone contenant toutes les informations spatiales. Si vous cliquez sur un terrain, par exemple, vous verrez apparaître la fonction et la réglementation correspondantes. En un clin d’œil, vous voyez s’il s’agit d’un bassin versant, d’une plaine de crue d’une rivière, d’un site Natura 2000 ou d’un patrimoine culturel. Et ce, pour toute la région frontalière de la Belgique, de l’Allemagne et des Pays-Bas. »
Comment avez-vous compilé toutes les informations ?
« Cette tâche n’a pas été de tout repos, car on trouve difficilement toutes les informations sur Internet. Nous avons donc contacté toutes sortes d’autorités dans les trois pays, de la ville d’Aix-la-Chapelle ou de la communauté germanophone de Wallonie à la province néerlandaise du Limbourg, etc. Nous communiquons également en permanence avec elles afin de maintenir notre modèle à jour. »
« Par ailleurs, les défis à relever ne manquent pas. Par exemple, les Pays-Bas mesurent les hauteurs par rapport au niveau normal d’Amsterdam, tandis que la Belgique utilise le deuxième nivellement général qui est inférieur de 2,33 mètres. Cette différence a posé un autre défi pour le collègue de TNO lors de la fusion des cartes d’altitude. »
Comment utiliser votre carte ?
« Déterminer le bon site pour l’Einstein Telescope est autant une question de caractéristiques et de réglementations en surface (paysage) qu’une question de géologie souterraine. Elle permet de nombreuses applications : analyser, comparer les réglementations, faire le point et avoir une vue d’ensemble. Le géologue Geert-Jan Vis conserve également ses données de mesure souterraines dans un modèle SIG, ce qui nous permet de les rassembler. Nous cartographions ainsi toutes les caractéristiques de la zone de recherche. »
« Déterminer le bon site pour l’Einstein Telescope est autant une question du paysage qu’une question de géologie souterraine. »
Mike Tomassen
Pourriez-vous donner un exemple ?
« Grâce à notre inventaire, nous savons quelles règles des différents pays s’appliquent à chaque terrain. Certains s’arrêtent à la frontière, d’autres sont transfrontaliers. Prenons par exemple le versant de Camerig. Il s’agit d’une zone Natura2000, qui fait partie du réseau naturel des Pays-Bas et qui constitue un site villageois protégé. Notre inventaire indique les types d’habitats à prendre en compte et les restrictions possibles si vous voulez entreprendre quelque chose à cet endroit. Mais il faut aussi tenir compte des projets de parcs éoliens dans la région frontalière, qui peuvent provoquer des bruits souterrains : où en sommes-nous et où cherche-t-on à étendre les parcs éoliens ? »
Et y a-t-il encore de la place pour l’Einstein Telescope ?
« Les zones naturelles sont nombreuses dans cette région frontalière, c’est certain ! Cela explique aussi pourquoi l’endroit est si intéressant pour l’utilisation de l’Einstein Telescope, car il est très calme. Nous avons réalisé le premier inventaire, que nous devrions enrichir à l’avenir grâce à d’autres études en surface. Nous saurons alors dans quelles zones nous ne pouvons pas ou difficilement travailler, et où, au contraire, il y a des possibilités ou des débouchés. D’ores et déjà, nous pouvons conseiller les prospecteurs sur les éléments à prendre en compte lors des forages. »
Enfin, quel est votre souhait pour l’Einstein Telescope ?
« Pour ma part, je souhaite que la technologie en surface pour l’Einstein Telescope soit aussi avancée et innovante que les études géologiques et les équipements de mesure qui arrivent sous terre. Ainsi, nous pourrions réellement nous intéresser à la cohésion entre la surface et le sous-sol qui est encore présente dans ce paysage et qui le rend si unique. Si nous y parvenons, je suis vraiment convaincu que l’Einstein Telescope peut également apporter une valeur ajoutée à notre cadre de vie. »